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  • Photo du rédacteurLaure Gombault romancière

Chronique d'Evelyne sur mon roman L'homme du train

Un très beau texte, comme un cadeau en cette période trouble et incertaine.

Il a suffit d'un regard pour tout envoyer valdinguer.. Fracassées au sol, les années de paisibilité animées de certitudes. Elle a déraillé… Elle a dérouillé aussi! La chute vertigineuse de l'attirance et de l'horreur. Ejectée dans cet autre "moi" qu'elle ne connait pas, elle ne se reconnait pas. Ca vous est déjà arrivé? L'attraction fatale, l'ascension vers l'obsession, la pulsion bestiale , la passion à double fond. Cette chimie des peaux qui bouillonne un peu trop et qui monte à la tête. Là où chaque pore réclame à satiété sa dose de plaisir explosé. Elle oui.. Enchaînée , le jugement altéré , il a su pointer sur la zone intouchée , là où même le fantasme est outré. Tant d'inassouvis inconscients ont rendu le besoin ..nécessité.. Toute tentative d'y résister était vaine et torturante. L'orage infernal a tout ravagé et moi dans son onde noire au rythme effréné , je me suis remplie d'une complexité, d'une perplexité presque familière. Comment vous l'expliquer? Certaines choses n'ont pas besoin d'être nommées pour exister. Elles sont et c'est ainsi. "Son malaise grandit. C'est violent . C'est révoltant. Elle a aimé ce regard. Ce regard l'a traversée et elle y a pris du plaisir. Un malaise l'étreint . Des palpitations. Une pointe au milieu du ventre. Cette vision , elle y pense comme le festin d'un prédateur" Il s'en faut parfois de peu pour perdre la raison. Un message libéré , une compatibilité devinée et tout est aligné pour nous renverser. Nos attirances sont elles des rappels de nos expériences passées? Comment sont elles activées? Sommes nous toujours à même de les libérer? Sonnent elles comme une dangerosité? Devons nous les intégrer en possibilités afin de ne pas s'en effrayer? Céder, n'est ni bien ni mal c'est juste l'inconscient qui parle et parfois le bien passe par cette tangente. Parfois il faut fréquenter les bas fonds pour se retrouver. Se dégoûter, se détester , regretter , se racheter et prendre le chemin de la résilience. Expier ce qui est emprisonné et se libérer, ne pas juger, juste accompagner.. C'est ainsi que je découvre la plume résonnante, intelligente et percutante de l'auteure. Laure Gombault est coordinatrice culturelle pour des bibliothèques normandes , en 2018 elle publie son premier roman "Un verre avec toi" aux Editions Auzas. Son second roman "Louise sous emprise" est disponible sur Les Editions du Net et le troisième "Les interdites" est autoédité sur Librinova. L'HISTOIRE Tania est une femme fragile qui a réussi à installer une tranquille harmonie dans sa vie. Elle est conseillère conjugale , métier qu'elle n'a pas choisi par hasard mais qui s'est plutôt imposé à elle en intime évidence comme pour exorciser un passé , une enfance secouée que vous découvrirez au fil de la lecture. Elle est mariée à Romain qui a su l'apaiser , lui donner la confiance qui lui manquait tant; Ensemble ils ont un fils Hugo , ce petit trio mène une existence ordinaire , un peu ballottée par des conditions de travail qui ne laisse plus guère le temps à la fantaisie , à l'imprévu.. Une rengaine s'étale mais Tania semble s'en être accommodée jusqu'au jour où... Elle prend le train chaque matin pour aller travailler, des trajets fardeaux , qui lui grignotent un peu trop de son temps...mais enfin... Un matin , une étrange présence l'exhume de sa routine infernale. Un homme qui la dévisage un peu trop, un peu trop puissant aussi le regard.. Une fascination malsaine, sans interdit la submerge , la mécanique violente d'une attraction démesurée s'était mise en marche. Non seulement elle va se perdre mais elle vient aussi de mettre les pieds dans un vaste réseau de prostitution, l'étrange de l'histoire c'est que chaque étape va la ramener petit à petit à elle même , va lui apporter les réflexions et les réponses dont elles avaient désespérément besoin sans le savoir.... Une thérapie sur le chemin de la folie.. LES PERSONNAGES Laure Gombault nous présente un personnage à la psychologie transparente. Le personnage de Tania nous est livré sans demi mesures. Pas de fausse pudeur , aucune retenue , des pensées et un comportement éhonté nous tirent au fin fond de son expérience interdite . Tania est vraie , sans filtre , elle se raconte avec sincérité et clairvoyance. L'affrontement de ses deux  "moi" est très justement mis en exergue et c'est à un vrai combat intérieur que l'on assiste , c'est immersif et chacun peut s'y voir . D'ailleurs secrètement qui n'a pas vécu une attirance inexpliquée , divulguée ou secrète... C'est sans peine que mes ressentis se sont délicatement calqués aux siens et il en sera de même pour vous. L'homme du train aussi est superbement représenté, manipulateur, charismatique, beau il affiche à la fois la prestance et l'indifférence , il ne parle pas, nos deux protagonistes ne s'exprimeront que par leurs regards et leurs ébats violents. Ceux là ont une douleur en commun presque aussi dévastatrice que leur rencontre. L'INTRIGUE Deux intrigues se distinguent. L'intrigue psychologique et celle du parcours de l'histoire. Toutes deux sont bien ficelées , préservées même si j'ai estimé certaines scènes un peu tronquées dans leur crédibilité. J'ajouterais également que la gravité et le côté dramatique de la première partie de lecture contraste assez avec la fin , j'ai été un peu décontenancée par cette légèreté. La dernière réplique de Tania m'a bien fait sourire... LES THEMES Trois thèmes principaux sont à retenir -La violence faite aux femmes -La résilience -La complexité des liens entre les êtres LA PLUME DE L'AUTEUR Laure Gombault  a une plume libératrice, impactante et percutante . Les phrases sont courtes et très ponctuées ce qui confère à la lecture une vraie force de frappe. En revanche j'ai moins aime la construction du livre que j'ai trouvé un peu anarchique par le manque de chapitres marqués et la mise en place d'espaces aléatoires et souvent différent. Le vocabulaire est franc , tantôt très élaboré tantôt très cru et j'ai apprécié ce contraste qui donne un relief très vivant au récit et qui est par ailleurs tout à fait justifié . Le sens du détail et les descriptifs sont réussis. Le style est ciselé d'un aspect brut que j'ai forcément aimé. Un vrai style littéraire.

"Et elle , d'abord fuyante , puis de plus en plus active répondant à ses provocations . Elle ne se reconnaissait pas. Elle adorait ça et en même temps elle se détestait. Elle ne savait pas à quoi ça rimait mais elle l'espérait maintenant , dans leur wagon. L'homme du train avait tout rempli . Ses jours. Ses nuits. Un voyage sans escales." Un thriller psychologique addictif , bien construit, aux thèmes d'actualité. Un e lecture et un style à découvrir mais attention ... La prochaine fois que vous prendrez le train , tâchez d'oublier cette histoire.

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